Alors que l’année 2023 était plutôt introspective pour moi, nous voilà arrivés à la fin de l’année 2024.
2024 : quelle année !
Pour moi 2024 a été l’année de la sortie, fin mai, de mon livre « Écoutez-moi ! ».
C’est l’année où je sors de l’ombre, où je décide de m’engager vraiment. Je participe au mouvement de la libération de la parole et à la sortie de l’ombre comme tant d’autres femmes - et certains hommes - l’ont fait tout au long de l’année. Je pense à Gisèle Pélicot bien évidemment mais aussi à tous les anonymes qui ont œuvré au quotidien en étant des acteurs agissants pour contribuer à dénoncer la domination patriarcale et à faire de ce monde un monde plus juste et équilibré.
Au sein de l'association 'Victimes Inceste Alsace', dont je fais partie, j'ai pu constater à quel point l'engagement, la solidarité, la sororité, les liens et la libération des mots contribuent au processus de guérison.
Contribuer c’est participer au mouvement d’un monde qui demande à bouger.
Oser partager son histoire d’abus n’est bien évidemment pas simple. Ça peut être douloureux. Cela nous met face à notre vulnérabilité, aux incompréhensions des uns, aux critiques des autres. Il est important d’y être préparé.e et d’être entouré.e.
Pourtant soyez assuré.e que notre vulnérabilité renferme aussi un grand pouvoir car elle fait partie de notre nature la plus profonde.
Nous sommes tous forts et vulnérables en même temps.
Avancer avec toutes les parties de nos êtres nous rend profondément humain.
Et je crois que le monde a grand besoin d’humanité.
2024 aura aussi été l’année où je découvre ce qu’est la douleur vive de la trahison.
Elle aussi m’aura servie. Je la remercie. Elle aura permis à mon couple de grandir en conscience, en liberté, en respect et en amour pour nous-mêmes.
J’aime ce poème de Rûmi qui invite à cet accueil inconditionnel :
L’être humain est une maison d’hôte.
Chaque jour, une nouvelle arrivée.
Une joie, une dépression, une méchanceté,
Une prise de conscience momentanée arrive comme un visiteur inattendu.
Accueille-les et procure-leur de la distraction !
Même s’il s’agit d’une foule de chagrins,
Qui violemment vident ta maison de ses meubles,
Pourtant, traite chaque invité honorablement,
Il pourrait bien faire de la place pour une joie nouvelle.
La pensée sombre, la honte, la malveillance,
Accueille-les à la porte en riant, et invite-les à l’intérieur.
Soit dans la gratitude pour quiconque arrive,
Car chacun a été envoyé comme guide par le plus vaste.
Oui 2024 a été l’année où le cocotier a bien été secoué, où toutes les fondations sur lesquelles j’avais construit ma vie de façon un peu bancale ont vacillé.
L’année où j’ai retrouvé peu à peu le chemin de mon amour-propre, celui que personne d’autre que moi-même ne pouvait m’offrir, celui que j’avais laissé au bord du chemin depuis de nombreuses décennies.
Moi qui me croyais fragile, je me suis découverte forte, confiante, authentique et intègre.
2024 a été l’année où j’ai osé dire « Non », où je me suis éloignée de certaines personnes par respect pour moi-même, où j’ai commencé à vivre en accord avec mes propres valeurs.
La solitude loin d’être subie a souvent été une amie, une alliée.
Un espace de ressourcement.
2024 a été une année où j’ai abandonné mon sourire de façade, où je n’ai pas cherché à plaire à tout le monde mais à être vraie et en cohérence avec ce cri de l’intérieur qui m’habitait depuis tant d’années et qui cherchait à s’exprimer.
Moins de « likes » sur les réseaux sociaux concernant mes posts et mes articles ?
Tant mieux.
Des ami.e.s, des connaissances qui prennent de la distance ?
Tant mieux.
Je ne suis pas la même qu’il y a 5 ans, 10 ans, 15 ans, 25 ans.
Il est normal que notre environnement change au fur et à mesure de notre évolution.
C’est aussi en 2024 que je découvre véritablement l’immense pouvoir de l’écriture et d’un livre.
Bien sûr j’écrivais déjà dans mes journaux intimes depuis de nombreuses années - il semblerait que la reine Victoria en ai rempli 180 tout au long de sa vie - mais écrire son histoire, la structurer et la partager est un exercice très différent et thérapeutique.
Les commentaires qui me parviennent me touchent et sont toujours teintés d’une même profondeur.
Je vous en partage deux :
“C'est l'histoire d'une jeune fille sensible, qui, au début de l'adolescence va vivre un trauma dans son intimité. S'ensuivront des années de silence devant le mur de déni de son entourage et puis, lentement, au cours de nombreuses étapes thérapeutiques, la lente résilience de l'auteure. Un livre remarquablement bien écrit qu'on ne lâche plus quand on l'a commencé. Un livre phare, vibrant, et surtout lumineux ! Entre l'Alsace et la Nouvelle Calédonie, l'auteure se livre avec pudeur et intelligence, et l'on suit son parcours avec beaucoup d'empathie. Ce récit peut aider, par sa grande sincérité, de nombreuses personnes ayant vécu la même chose, car c'est avant tout ce qui a motivé son écriture. Je le recommande vivement.”
“Un livre autobiographique précieux de sincérité, de justesse, et de connexion avec nous tous qui avons survécu à « ce truc innommable » que sont les abus sexuels. L’écriture très inspirante, fluide, intime, mais aussi parfois inconfortable amène à des prises de conscience nécessaires. Un livre très aidant, qui porte la voix de la libération d’une parole trop longtemps silencieuse, cette lecture répare, rassemble, honore nos courages respectifs même si nous avançons chacun à notre rythme dans ce brouillard qu’est notre passé traumatique.”
Aider, inspirer, amener à des prises de conscience même inconfortables, réparer, s’honorer sont des verbes qui résonnent parfaitement avec mes intentions d’écriture.
Merci pour ces retours qui continuent à nourrir ma propre résilience.
Ecrire m’a permis de reprendre le contrôle de ma vie, d’explorer ma singularité et ma vérité. Et ne sommes-nous pas aussi de passage sur terre pour apprendre à exprimer notre vérité profonde loin de nos blessures d’enfance, loin des dogmes et injonctions sociétales et parentales sur lesquels nous avions construits notre vie ?
Il ne s’agit pas de rejeter le passé mais d’oser y faire face et de grandir à partir de lui.
Bernard Werber dit que l’écriture, quand c’est bien fait, permet d’éviter 25 ans de psychanalyse.
Dans mon livre je partage aussi une croyance forte que j’ai expérimenté tout au long de mon processus d’écriture : l’écriture est une voie de transformation spirituelle et peut être une porte vers une dimension plus vaste de l’existence.
Mon livre se termine d’ailleurs par un texte écrit le 6 juin 2016 dont le titre est « découvrir le divin en nous ».
Je crois que l’écriture est un outil qui nous permet donc de sortir de nos petites histoires pour entrer dans la grande...
Tout un programme.
Ecrire pour libérer.
Ecrire pour inspirer.
Ecrire pour transmettre.
Ecrire pour réconcilier.
Ecrire pour contribuer à la guérison du monde.
L’écriture de mon livre m’aura donc permis une sorte de « plongée dans les profondeurs abyssales de mes nuits - tout en sachant assurément au fond de moi – que cette plongée laissera place à une ascension plus lumineuse de mes jours ».
La foi immense, mystérieuse, profonde était encore là, à chaque étape du processus.
Rien ne nous est donné pour nous écraser.
Même pas nos pires épreuves.
Je le savais déjà.
Tout est cadeau. Même mal emballé.
Encore faut-il y croire.
Oui 2024 aura été une année de remise à l’heure juste pour moi.
Le grand horloger, en coulisses, nous aide toujours. Ayons confiance.
Une année où j’ai compris qu’on ne pouvait pas bâtir sa vie sur la honte, la culpabilité, la colère et la haine mais sur la vérité de nos êtres, l’amour, le respect (amour et respect de soi en premier lieu bien sûr) et sur la réconciliation.
Et il n’est jamais trop tard pour se réconcilier parce qu’il n’est jamais trop tard pour aimer, ni jamais trop tard pour être heureux.
La réconciliation : c’est la seule main qui peut chasser les nuages.
La réconciliation : c’est la lueur de l’aube qui chasse progressivement la nuit.
La réconciliation : c’est la clé qui permet de rouvrir des portes trop longtemps closes.
En 2024 les mots cathédrale, comme j’aime les appeler, ont enfin commencé à sonner l’heure juste pour moi.
Le trauma nous enseigne à fermer notre cœur et à nous protéger.
La guérison nous enseigne à ouvrir votre cœur et à repousser nos limites.
Alors que pourrais-je bien nous/vous souhaiter pour 2025 ?
La première chose qui me vient à l’esprit c’est « Écoutez-vous ! ».
Écoutez l’Être que vous êtes au plus profond de vous.
Celui que vous aviez oublié, parfois depuis des décennies, au bord du chemin.
Allez à sa rencontre.
L’écouter et l’entendre véritablement nécessite parfois d’effectuer un travail d’archéologie.
Écoutez cette petite voix qui vous parle et qui vous connaît mieux que quiconque.
Engagez-vous pour ce qui vous paraît juste, grand, lumineux.
Si vous ressentez un grand « oui » à l’intérieur quand vous y pensez et que ça ouvre le cœur c’est que vous êtes au bon endroit.
Laissez de côté les discours ambiants fondés sur la peur et le contrôle.
Ne craignez pas d’aller sonder vos blessures les plus profondes.
Elles rescellent tant de trésors.
« Il y a une fissure en chaque chose, c’est par là qu’entre la lumière » chantait Leonard Cohen.
Revenez à la racine.
Entrez dans l’action éclairée, consciente.
Tombez s’il le faut puis relevez vous.
Ne vous découragez pas.
Soyez patients. Les chutes et les échecs font partie du parcours.
Croyez en la magie de la vie et en son grand horloger.
Osez suivre ce en quoi vous croyez.
Si vous croyez en l’amour devenez l’amour.
Si vous croyez en la paix devenez la paix.
Si vous croyez en le pardon devenez le pardon.
Et enfin "osez suivre ce qui vous met en joie".
Ce qui palpite dans votre cœur.
La joie est un moteur incroyable dans la vie.
Pour moi actuellement c’est :
- l’écriture, la créativité sous toutes ses formes,
- les engagements qui font sens pour moi,
- l’amour à partager, les amitiés et les rencontres qui élèvent,
- la simplicité et le « moins » dans à peu près tout. Moins de distractions. Moins de matériel. Plus de nature, de conscience, de sens dans mes actions, de joie, d’amour partagé et de paix.
Le chemin vers soi – et vers les autres - est un chemin merveilleux et exigeant qui nécessite sagesse, courage et maturité.
Alors comment ne pas terminer ce dernier écho inspirant de l’année en disant un énorme MERCI.
MERCI à toi, chère année 2024 : tu as été une grande année pour moi, de l’ordre d’un grand cru.
Tu m’as aidée à clôturer une très vieille histoire, tellement pesante.
Tu m’as appris à naviguer en eaux troubles tout en conservant ma foi et ma détermination.
Tu m’as appris à dépasser mes peurs.
Tu m’as appris à être audacieuse et courageuse.
Tu m’as appris à ralentir.
Tu m’as aidée encore et encore à faire du tri dans mes besoins, mes rêves, mes envies.
Tu m’as permis de savoir ce que je veux laisser derrière moi et ce que je veux emporter en 2025.
En 2025, je sais que de nouveaux projets vont voir le jour.
La vie c’est ça !
Écrire de nouvelles pages chaque jour.
Des pages qui nous ressemblent. Des pages en phase avec celui ou celle que nous sommes au moment où nous les écrivons.
Alors maintenant en route vers 2025 !
Inspirante, éclairante et joyeuse année 2025 à toutes et à tous.
On écrit ensemble.
Sylvie