Écrire, c’est aimer profondément la vie et choisir de la laisser rejaillir
Janvier 2025. Je sors de ma séance d’ostéopathie de début d’année, le corps apaisé, l’esprit recentré. Ce moment de soin n’est pas anodin : c’est un rendez-vous avec moi-même, un pas vers plus de douceur et de compréhension envers mon histoire. Prendre soin de soi, surtout après un passé marqué par les abus, est une démarche essentielle.
C’est dans ces instants de connexion que je perçois l’importance du lien : le lien entre le praticien et moi, mais aussi le lien entre mon corps, mon cœur et mon esprit. Chaque toucher, chaque mot, chaque silence porte une résonance, une guérison subtile. Depuis longtemps, je choisis des thérapeutes qui intègrent la douceur et le subtil dans leurs pratiques. Parce que la douceur est une puissance en soi, un chemin de guérison vers plus de vie.
L’énergie, ce souffle vital
Quand je démarre une nouvelle année, je ressens le besoin de me relier à une énergie nouvelle, comme si j’ouvrais une nouvelle page dans un livre encore inachevé. Cela passe par mon corps, mais aussi par mes différents « corps énergétiques ». C’est pourquoi je privilégie des pratiques comme l’ostéopathie douce ou encore le shiatsu, que j’ai découvert à Nouméa il y a dix ans.
À travers ces pratiques, j’ai appris à ressentir l’énergie qui circule en nous et autour de nous. Cette pulsion de vie, parfois fragile, parfois puissante, nous relie au Vivant. Mais sommes-nous tous égaux face à cette énergie, à cette pulsion de vie ?
Mon ostéopathe m’a partagé un jour une réflexion troublante : même chez les nouveaux-nés, si petits et vulnérables, on ressent déjà « qui » ils sont. Certaines âmes semblent porter une force immense dès leur arrivée au monde. Et parfois, c’est cette même énergie, ce même amour profond pour la vie, qui transparaît chez des personnes ayant traversé des tempêtes intérieures.
Les mots comme catalyseurs de vie
Pour moi, l’écriture est une forme de renaissance. Chaque mot posé sur une page est une victoire, une réaffirmation de ma force vitale. Lorsque j’ai écrit Écoutez-moi !, ce cri du cœur n’était pas qu’un exutoire personnel, mais une contribution au collectif.
Le titre même reflète cette urgence de vie, ce besoin viscéral d’être entendu. Il s’apparente au cri primal évoqué par le psychologue Arthur Janov, popularisé par la chanson poignante de John Lennon, Mother. C’est un cri qui vient du plus profond de soi, un cri pour exister.
Kafka disait : « Parler au papier, parce qu’on a la langue coupée ou parce que personne ne vous entend. » Cette phrase résonne en moi. Écrire, c’est oser se reconnecter à son essence, à ses blessures, mais aussi à ses espoirs. C’est aussi un acte de transmission, de partage, un geste profondément humain.
Écrire pour guérir, écrire pour comprendre
Je crois fermement que la compréhension est une forme d’amour. C’est ce que Thich Nhat Hanh disait : « La compréhension est l’autre nom de l’amour. » Mais comprendre l’autre commence toujours par se comprendre soi-même.
C’est pour cette raison que mon livre Écoutez-moi ! ne se limite pas à mon histoire. J’ai voulu qu’il soit aussi une ressource, un outil, avec de nombreuses références bibliographiques pour éclairer les mécanismes du trauma.
Encore aujourd’hui, j’entends trop souvent des phrases comme : « Pourquoi a-t-elle attendu 30 ans pour parler ? » Ces mots témoignent d’une méconnaissance profonde des traumatismes et de leurs mécanismes. Pourtant, comprendre ces réalités est une clé essentielle pour avancer, ensemble, en tant que société.
Après MeToo, un nouvel élan
Le mouvement MeToo a été un déclic puissant, une onde de choc qui a révélé l’ampleur des injustices et des violences faites aux femmes. Mais il a aussi mis en lumière une résistance au changement, souvent teintée de honte ou d’incompréhension.
Je l’entends encore : « Oui, nous aussi on a eu des mains aux fesses, et alors ? » Ces phrases banalisent des expériences qui, bien que différentes dans leur gravité, témoignent toutes d’un manque de respect fondamental.
Cependant, célébrons ces prises de conscience. MeToo a ouvert la voie à une transformation collective. Il nous oblige à regarder en face ce qui ne peut plus être ignoré. Et c’est ainsi que, peu à peu, les fondations bancales d’un ancien monde commencent à s’effondrer.
La guérison commence à l’intérieur
Tout processus de guérison commence en soi. Il s’agit d’un chemin intime, mais qui rayonne vers les autres. Nous sommes tous connectés, liés par cette énergie et cette conscience universelle.
Quand j’écris, je crois à la puissance des mots pour transformer, pour soigner, pour inspirer. Je crois à l’écoute authentique et aux liens qui se renforcent à mesure que nous avançons sur notre chemin de guérison.
Écrire pour être utile
Comme le chante Julien Clerc dans Utile :
« Je veux être utile à vivre et à rêver. »
Écrire, pour moi, c’est être utile. C’est offrir une voix à ceux qui n’osent pas encore parler. C’est dire à ceux qui se croient seuls : vous ne l’êtes pas.
Alors, à ceux qui hésitent encore à prendre la plume, à ceux qui doutent de la légitimité de leur parole, je veux dire ceci : votre histoire compte. Votre voix compte. Vous êtes bien plus qu’une victime ; vous êtes une force de vie qui se déploie.
Levez-vous. Écrivez. Le monde a besoin de vous.