Nana korobi, ya oki


En 2022, je prends plusieurs décisions :

 

- Regarder mes traumas droits dans les yeux

- Ecrire et partager mon histoire

- Retrouver ma liberté et ma joie d’être

 

Au moment où je décide d’écrire mon histoire, je suis en vrac.

 

J’étais revenue depuis peu en Alsace, ma terre natale, après avoir vécu pendant 24 ans en Nouvelle Calédonie. Merveilleuse terre d’accueil mais aussi terre d’exil et de fuite pour moi.

 

Trois ans auparavant mon mari, mon fils et moi subissons un effondrement abyssal dans nos vies mêlant pertes financières et maladie psychique sur fond d’histoire familiale traumatique réitérée. Pas de secret pour éviter que nos histoires familiales et traumatiques se répètent, il faut avoir le courage d’aller les explorer et les libérer.

 

Tous nos repères volent en éclats.

 

L’arrivée à Strasbourg est pour moi, tout d’abord, une bouffée d’oxygène mais très vite mes propres traumas et blessures d’enfance remontent insidieusement à la surface. 

 

Ils étaient encore là, ils m’attendaient...

 

Et puis il y a l’annonce de la mort de mon amie, Sandra, qui avait, elle aussi, dans son bagage, une histoire tue pendant des années. Elle a 54 ans quand elle décède.

 

Tristesse, colère, sentiment d’injustice m’envahissent, m’anéantissent. Un gouffre s’ouvre en moi. Je suis à terre. Mon regard s'éteint, mes rides se creusent.

 

On compare souvent le trauma à un séisme. 

 

Il y a le/les trauma.s d’origine et ses répliques qui viennent nous secouer tant que nous ne sommes pas passés au niveau de conscience supérieure.

 

Qu’est-ce qu’un trauma ?

« Un trauma psychique est une réaction émotive persistante qui fait suite à un évènement extrêmement éprouvant de la vie. Les troubles du stress post-traumatique sont des reviviscences régulières, accompagnées de manifestations physiques liées aux émotions extrêmes ressenties. Ils altèrent de façon significative la vie personnelle, sociale et/ou professionnelle. »

 

Certains jours, mes réactivations traumatiques me clouent littéralement au lit, m’isolent et m’empêchent d’imaginer clairement un futur personnel et professionnel.

 

Tout est confus, brouillé, réactivé.

 

En 2022, j’en suis là, à 1000%... et pourtant je n’en suis pas seulement là.

 

Le proverbe « Nana korobi, ya oki » qui signifie « Tomber sept fois, se relever huit » semble avoir été écrit pour moi. Mais je sais qu'il est écrit pour vous aussi.

 

Il ne signifie pas seulement le fait de choisir de ne jamais perdre espoir mais aussi de se concentrer sur une vision plus vaste qui n’est peut-être pas encore la réalité.

 

Cette vision là, je la connaît, je l’ai déjà eue.

C’est elle qui m’a aidée à me relever à plusieurs reprises.

Elle est espoir, amour, connexion, c’est ma montagne Sainte Victoire, si chère à Cézanne.

Je l’ai gravie à plusieurs reprises ces dernières années.

 

Parfois de façon mystérieuse et brutale. Je l’évoque aussi dans mon livre.

Cette vision m’a fait passer de l’autre côté du voile des illusions, là où tout est harmonieux, lumineux, amour et paix.

 

Car nous sommes tout « ça » aussi.

 

Il y a donc mes traumas, - « vos traumas » - et ces visions, ces perceptions, ces expériences « extra-ordinaires » qui nous reconnectent à ce monde plus grand.

 

Plus j’acceptais d’aller à la rencontre de mes parts traumatiques et blessées, plus une autre part de moi grandissait et gravissait, en douce, pas après pas, ma montagne Sainte Victoire.

 

C’est le « Paradoxal Système » qu’évoque Laurent Voulzy dans cette chanson que j’adore issue de son album "Caché derrière".

 

Mes mots, mon livre, ont été le support, le trait d’union entre ces deux parties de moi : la plus traumatique, la plus blessée et la plus merveilleuse, créative, sensible, courageuse.

 

Elles ne sont pas dissonantes, elles sont complémentaires.

 

Ce sont des vases communicants.

 

Elles existent en chacun de nous.

 

Accepter avec conscience et responsabilité de les faire se rencontrer, c’est poser la première pierre d’un nouvel édifice comme le faisaient, à l'époque, les bâtisseurs de cathédrales.

 

Nos vies sont sacrées, nos histoires sont sacrées.

 

Elles peuvent nous faire naître à ce que vous ne savons pas encore.

 

On construit, on renaît et on écrit ensemble ?

 

photo personnelle : plage de Magenta, Nouméa (Nouvelle Calédonie)


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