Ecrire c'est voler


J’ai horreur de l’hypocrisie, des mensonges même ceux qui se cachent derrière de belles excuses ou de lâches omissions.

 

Pourtant j’ai tellement dissimulé, enfoui et fait semblant moi aussi.

 

J’ai eu peur, j’ai fui, j’ai évité les conversations dérangeantes tant de fois dans mon couple, avec ma famille et mes amis. 

 

Pourquoi mentir ? Pourquoi fuir ? 

Apprenons à dépasser nos foutues peurs et à allumer la lumière crue de la vérité en nous, même si elle nous aveugle un peu et que c’est douloureux.

 

Je crois que la liberté se respire et se vit dans chaque moment de sincérité.

 

Plus je me libérais de mon histoire lourde, plus je prenais conscience que la superficialité, les conversations creuses, les faux-semblants, la médiocrité ambiante... tout cela me désolait et m’étaignait.

 

Sérieusement, on vaut tellement plus que cette routine de médiocrité qu’on se sert les uns aux autres.

 

En trompant, en faisant semblant, en refusant les conversations difficiles, en se mentant à soi-même et aux autres, on s’éteint à petit feu.

 

Et moi j’aime la vie, la vérité et les feux qui brûlent.

Il nous permettent de renaître à nous différemment, libérés d’anciennes scories.

 

Je me reconnais dans l’hypersensibilité et je l’ai longtemps vue comme un problème.

 

J’ai compris qu’elle était liée à mes traumas : les miens et ceux de ma famille et de mes ancêtres.

 

Anne Ancelin Schutzenberger, mondialement connue pour ses travaux sur la physchogénéalogie disait : “nous sommes moins libres que nous le croyons. Nous reproduisons inconsciemment ce qui n’a pas été éclairé dans les générations précédentes”.

 

Alejandro Jodorowski quant à lui affirme que “tout le monde devrait connaître son arbre généalogique. La famille est notre coffre au trésor ou notre piège mortel”.

 

Dans mon livre “Ecoutez-moi !” je décide de sortir du piège et de descendre dans le coffre au trésor. Je découvre des pierres précieuses mais aussi des pierres... lourdes.

 

Je vais à la rencontre de mes parts blessées. Je découvre les liens, les empêchements, les causes, les conséquences. C’est douloureux, et à la fois, éclairant et tellement beau.

 

Je me rencontre en profondeur.

Je commence à comprendre que mon hypersensibilité est aussi une clé pour éclairer, sentir, percevoir, comprendre, libérer.

Je commence tout doucement à l’aimer.

 

À la question « peut-on cesser d’être hypersensible ? », Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, répond qu’il est difficile de changer cette partie de nous. L’hypersensibilité fait partie de qui nous sommes, elle nous accompagne tout au long de notre vie. Ce n’est ni un défaut, ni un obstacle, mais une signature unique. L’essentiel n’est pas de la combattre, mais d’apprendre à la transformer, à la vivre pleinement, de manière épanouissante et lumineuse. Il s’agit avant tout de se connaître, d’accepter cette particularité qui nous rend si profondément nous-mêmes.

 

Connaître et accepter qui l’on est, c’est, je crois, la base d’une vie qui a du sens, une vie qui résonne avec ce que nous sommes vraiment. Une vie riche, non pas de biens matériels, mais de cette richesse intérieure qui fait vibrer chaque instant.

 

Se comprendre, c’est déjà commencer à changer. 

 

Écrire et partager son histoire, c’est inscrire ce changement dans la réalité. 

C’est un acte d’amour envers soi-même, un moyen de se reconnecter à qui l’on est.

 

Il m’a fallu des années pour avoir le courage de cet acte d’amour envers moi-même. 

 

Car écrire c’était aussi prendre le risque d’être rejeté.e.

 

Dans son livre “Mémoires d’un métier”, Stephen King nous dit que “si vous avez l’intention d’écrire avec autant de sincérité que vous pouvez, vos jours au sein de la bonne société sont de toute les façons comptés”.

 

Soit. Alors je prends consciemment le risque d’être rejetée pour arrêter de me rejeter moi-même et parce que je comprends que mon histoire, n’est pas seulement la mienne, mais qu’elle est aussi celle de milliers de personnes qui ont souffert (ou qui souffrent encore) de l’omerta familiale et sociétale.

 

Aurai-je aimé pouvoir écrire plus tôt ?

Sans doute.

J’aurai aimé trouver quelqu’un qui me dise : “Tu es en sécurité avec moi. Viens on va explorer, voyager, llibérer et écrire ensemble”.

 

Un livre-Vie est ce voyage intérieur, ce voyage-retour vers soi-même.

 

Mot après mot, phrase après phrase, j’ai découvert une nouvelle identité, plus forte, plus libre. Chaque trauma révélé s’est allégé, jusqu’à s’envoler doucement, comme une plume dans le vent.

 

Les plumes sont aussi nos alliés sur le chemin.

 

Amélie Nothomb, dans son livre « Psychopompe », dit qu’écrire, c’est voler.

 

Je ne pourrais être plus d’accord.

 

Écrire, c’est se libérer, s’élever, et retrouver cette part de nous qui aspire à la lumière.

 

En faisant un livre de son histoire on laisse une trace de notre passage sur terre et on retrouve sa juste place.

Les livres sont immortels.

Faire un livre de votre histoire peut changer votre vie.

 

Dans un livre écrit par une infirmière australienne qui travaillait en soins palliatifs intitulé “les 5 regrets les plus cités par les mourants”.

 

Le regret qui a été cité le plus de fois est : “j’aurais aimé avoir le courage de vivre une vie fidèle à moi-même, pas la vie que les autres attendaient de moi.”

 

Oser briser le silence en écrivant c'est aussi oser être fidèle à soi-même.

Dont acte.

 

 


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